Dollar américain : Neutres
À notre avis, le dollar américain est coincé entre deux tendances. D’une part, les hausses de taux d’intérêt et la réduction du bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont fait augmenter les coûts de financement en dollars américains et provoqué un resserrement des conditions financières, ce qui a déclenché une remontée du dollar. L’incertitude entourant les politiques commerciales a exacerbé ce phénomène. D’autre part, la croissance mondiale est forte et il semble que l’activité économique américaine, même si elle se porte bien, ait culminé. Or, cette convergence entraîne généralement une dépréciation du dollar américain.
Euro : Neutres
Le taux de change euro/dollar américain a dépassé le niveau de support clé de 1,15 en août, alors que l’aversion pour le risque à l’égard des devises des marchés émergents (déclenchée par la Turquie) a continué d’alimenter l’appréciation du dollar américain.1 Les caractéristiques fondamentales de la zone euro se sont améliorées, mais les facteurs exogènes qui influencent la confiance des investisseurs sur les marchés des changes sont imprévisibles, ce qui nous incite à nous tenir à l’écart pour le moment.
Renminbi : Neutres
Le taux de change renminbi/dollar américain a oscillé entre 6,80 et 6,95 en août.2 Outre le rajustement anticyclique pris en compte dans le mécanisme de fixation quotidien du taux de change et le taux de réserves-encaisse de 20 % sur les contrats de change à terme, la Banque populaire de Chine a interdit les dépôts et les prêts interbancaires en renminbis sur les marchés étrangers via des zones de libre-échange.3 Cette intervention a probablement provoqué une chute soudaine du taux de change de 6,95 à 6,84.4 Les mesures de contrôle des capitaux visant à prévenir les sorties de fonds demeurent strictes, mais l’ouverture des marchés financiers, notamment l’inclusion des actions et des obligations intérieures chinoises dans les principaux indices mondiaux, vont probablement accroître la demande étrangère d’actifs intérieurs chinois et pourraient contribuer à maintenir la stabilité des flux de capitaux. À court terme, nous nous attendons à ce que le taux de change oscille entre 6,8 et 6,9. Toutefois, les bonnes nouvelles entourant les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine pourraient ramener le taux de change sous la barre de 6,80.
Yen japonais : Surpondération
Le yen a bénéficié de la récente poussée de volatilité et de l’aversion au risque provoquée par le repli du marché turc. Le taux de change yen/dollar américain a diminué, passant d’environ 112 au début d’août à un creux de 110,1, lorsque le repli de la livre turque a atteint son paroxysme.5 En perspectives, nous croyons que le rajustement de la politique monétaire de la Banque du Japon (qui a fait augmenter le taux cible des obligations à 10 ans) va soutenir le yen et que l’évaluation actuelle est attrayante. Or, l’exception à nos perspectives est la probabilité d’une appréciation généralisée du dollar américain alimentée par la politique monétaire de la Fed et d’une diminution de l’appétit pour le risque à l’échelle mondiale en raison des tensions commerciales qui perdurent. À notre avis, le yen pourrait être mis de côté par rapport au dollar américain si tel était le cas, malgré tout, il va probablement faire meilleure figure que d’autres devises.
Livre sterling : Neutres
La livre sterling va probablement subir l’influence de l’évolution des pourparlers sur le Brexit et des attentes de hausses de taux d’intérêt au Royaume-Uni. Nous n’entrevoyons pas de percée dans les négociations sur le Brexit de sitôt, mais la Banque d’Angleterre a procédé à une hausse de taux unanime de 0,25 %, qui a porté le taux directeur à 0,75 % à l’issue de sa réunion d’août, comme beaucoup s’y attendaient.6 Elle a également révisé à la hausse ses prévisions de croissance et d’inflation. Cependant, le gouverneur de la Banque, Mark Carney, a indiqué que le resserrement de la politique monétaire demeurerait graduel et que les probabilités d’un Brexit sans accord sont « inconfortablement élevées ». Après cette déclaration, le taux de change livre sterling/dollar américain a chuté sous 1,30.7 À moyen terme, nous prévoyons toujours que la livre sterling va s’apprécier mais, pour ce faire, il faudra que les négociations sur le Brexit progressent.
Dollar canadien : Neutres
Le dollar canadien a poursuivi son lent déclin cette année, mais a tout de même surclassé les autres devises de la « zone dollar », à savoir les dollars australien et néo-zélandais. La hausse du taux directeur de la Banque du Canada à 1,50 % en juillet n’a pas suffi à modifier la trajectoire de la devise.8 Le scepticisme entourant l’issue de la renégociation de l’ALENA demeure un obstacle de taille. De plus, la demande étrangère de dollars canadiens liée aux investissements sur le marché immobilier canadien va en diminuant.