La contre-performance des marchés émergents tire à sa fin, mais Talley Léger affirme que des occasions de placement pourraient bientôt se présenter dans ces marchés.
En ce début d’année, je crois qu’une évaluation fidèle d’un ensemble de forces laisse entrevoir des perspectives divergentes pour les actions des marchés chinois et émergents (ME). Cependant, les actions des ME ont tellement été sous-investies et délaissées que je crains d’être trop pessimiste. D’une part, l’amélioration continue des conditions financières en Chine pourrait redorer les perspectives.
De plus, il semble que la COVID-19 ait somme toute eu un impact décroissant sur l’économie mondiale, l’inconnue étant la portée et la durée des mesures de confinement. Si les craintes suscitées par le variant Omicron s’estompent plus tôt que tard, le dollar américain pourrait se déprécier et les investisseurs pourraient retrouver l’appétit pour le risque, ce qui ferait augmenter le potentiel de gain de mes perspectives plutôt sobres.
À quelle étape du cycle économique en sommes-nous?
Les actions des ME ont obtenu des résultats inférieurs à celles des marchés développés (ME) pendant plus de onze ans, alors la tendance n’est pas notre alliée.1 De mon point de vue, nous sommes toujours à la fin du cycle de contre-performance des ME.
Certes, les actions des ME (si l’on se fie aux résultats des entreprises des pays en voie de développement (comme par exemple, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Corée du Sud et la Russie) ont obtenu des rendements largement supérieurs à celles des autres marchés en 2016, 2017 et 2020.1
Par contre, en 2018 et 2019, les guerres commerciales, qui ont miné la confiance des investisseurs, les sorties de fonds et les fluctuations des devises ont fait dévier les actions des ME, dont les cours ont chuté bien en deçà des seuils justifiés par les caractéristiques fondamentales de l’économie généralement stables, à mon avis.
En outre, les autorités chinoises ont appliqué les freins au début de 2021 pour ralentir la croissance et mettre fin aux excès de manière préventive. Par conséquent, les actions chinoises ont tiré de l’arrière par rapport aux actions américaines l’année dernière, parallèlement au ralentissement de la croissance de la masse monétaire.
Comme le montre la figure 1, les actions chinoises et américaines ont respectivement obtenu des rendements exceptionnellement inférieurs et supérieurs à la moyenne. Cependant, en excluant ces valeurs hors normes, les actions des ME ont fait bonne figure par rapport aux actions des MD. En fait, les actions russes, indiennes et taïwanaises, pour n’en nommer que quelques-unes, surclassent la moyenne mondiale depuis le début de l’année (figure 1).
Figure 1 : La sélectivité est cruciale dans une conjoncture difficile. Les moyennes peuvent être trompeuses et une analyse plus approfondie révèle que certains pays des ME se sont démarqués.
Rendements boursiers des ME et des MD : Variation en % du 31/12/20 au 30/11/21

Y a-t-il des catalyseurs monétaires potentiels?
Aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) a réagi au regain d’expansion économique et aux pressions inflationnistes en devançant son plan de réduction des achats d’actifs à grande échelle, en se préparant à relever les taux d’intérêt et en aplatissant la courbe des taux pour ralentir l’économie.
En revanche, les resserrements de la politique monétaire chinoise ont cédé la place à des assouplissements, ce qui pourrait améliorer les perspectives des actions des ME. Les autorités monétaires chinoises ont abaissé le coefficient de trésorerie de réserve des banques, réinjecté des capitaux dans leur système et favorisé une nouvelle baisse des taux interbancaires.
C’est important car on note une forte relation inversement proportionnelle entre les conditions financières, qui sont influencées par la banque centrale d’un pays, et l’activité manufacturière au fil du temps. Plus précisément, l’assouplissement des conditions financières a soutenu la croissance économique, tandis que le resserrement des conditions financières a ralenti la croissance économique.
Aux États-Unis, les conditions financières demeurent accommodantes, mais la position belliciste de la Fed, la courbe des taux plus plate et un dollar américain fort ont coïncidé avec le ralentissement de l’activité manufacturière.
Après une campagne reflationniste qui a remporté un succès phénoménal en 2020, les autorités chinoises ont fait volte-face au début de 2021 en procédant à un resserrement des conditions de crédit et en provoquant une contraction de l’activité manufacturière. Cependant, une nouvelle accélération des mesures de soutien monétaire pourrait donner un élan à la croissance chinoise qui en a grandement besoin (figure 2).
Figure 2 : Les conditions financières de la Chine se sont resserrées, mais une amélioration séquentielle pourrait finir par donner un coup de pouce aux économies émergentes.
Conditions financières (bleu foncé, inversées) et activité manufacturière (bleu clair) de la Chine depuis 2009; l’assouplissement des conditions financières a soutenu la croissance, tandis que le resserrement des conditions financières a ralenti la croissance.

Qu’en est-il des catalyseurs économiques possibles?
L’activité commerciale a ralenti dans toutes les régions du monde et on a observé un ralentissement aigu de la deuxième puissance économique mondiale, la Chine. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de la Chine est passée d’un rythme à deux chiffres au premier trimestre de 2021 à un rythme oscillant autour de 5 % au troisième trimestre.
En revanche, le boom inflationniste aux États-Unis, mené par le secteur tertiaire, a contribué à maintenir l’activité mondiale à flot.
Par le passé, l’orientation de la production manufacturière mondiale nous a toujours aidée à prendre nos décisions de répartition de l’actif entre les actions des ME et des MD. Cependant, la production mondiale n’est pas un indicateur parfait. Récemment, les cours des actions des ME ont chuté bien en deçà des seuils justifiés par les caractéristiques fondamentales de l’économie généralement stables, à mon avis. De telles divergences négatives se sont déjà produites plusieurs fois auparavant et, chaque fois, les actions des ME ont fluctué à la hausse (figure 3).
Figure 3 : Les actions des ME ont généralement dominé celles des MD lorsque l’économie mondiale était en croissance. Cependant, les actions des ME ont réagi en chutant exagérément et sont peut-être dues pour une phase de rattrapage.
Activité manufacturière mondiale (bleu foncé) et rendements des ME par rapport aux MD (bleu clair) depuis 1998

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1 Sources : Bloomberg L.P., Invesco, du 30/09/10 au 30/11/21. Selon les indices MSCI Marchés émergents et MSCI Monde. L’indice MSCI Marchés émergents mesure le rendement des marchés boursiers émergents. L’indice MSCI Monde mesure le rendement des marchés boursiers développés et comprend les États-Unis, la zone euro, le Japon et le Canada.