La réponse à cette question dépend de la raison derrière l’augmentation des taux d’intérêt. Si c’est parce qu’une vraie croissance économique prend du terrain, alors les actions seront avantagées grâce aux bénéfices. Si c’est parce que l’inflation échappe à tout contrôle, alors les actions seront désavantagées à cause des valorisations.
Même si je n’écarte pas complètement la possibilité d’un mouvement de crainte de l’inflation, de telles préoccupations pourraient s’avérer démesurées, selon moi. À mon avis, le décrochage des actions n’est qu’une pause rafraîchissante et non un sinistre changement de tendance.
La Réserve fédérale américaine s’engage à maintenir des taux directeurs bas pour plus longtemps
À mon avis, l’effet décalé des baisses de taux d’intérêt antérieures ne s’est pas encore fait sentir totalement dans le système, ce qui a des répercussions positives sur les actions.
En fait, l’histoire montre que la hausse des taux des obligations ne devrait pas nous inquiéter sérieusement jusqu’au début de 2023. Dans la figure 1, le bleu foncé représente les variations des taux des obligations (inversées et avancées de deux ans) et la ligne bleu pâle reflète les fluctuations des cours des actions durant la dernière décennie.
Figure 1 : L’effet décalé des baisses de taux d’intérêt antérieures fait monter les actions

De plus, la Réserve fédérale américaine (Fed) a renouvelé son engagement à maintenir les taux d’intérêt bas pour plus longtemps afin de protéger la reprise économique naissante, tout en laissant le dollar américain se stabiliser, les perspectives inflationnistes augmenter et le marché haussier progresser.
Soyons clairs : je reconnais que les décideurs exercent sciemment certaines pressions reflationnistes à court terme, et j’estime qu’un peu d’inflation est une bonne chose, car cela indique que les risques de déflation s’estompent.
En effet, les indicateurs avancés de l’inflation de base donnent à penser que les prix à la consommation sous-jacents devraient remonter modérément en 2021, mais qu’ils seront inférieurs à la cible d’inflation moyenne de 2 % de la Fed (figure 2).
Par ailleurs, les tendances inflationnistes inférieures aux prévisions laissent entendre que la Fed restera probablement conciliante et que, pour compenser, les taux directeurs pourraient rester bas afin d’essayer de faire passer l’inflation au-dessus de la cible pendant un certain temps.
Figure 2 : Les principaux indicateurs économiques et inflationnistes laissent entendre que la Fed restera probablement conciliante et que la faiblesse des taux directeurs pourrait se prolonger.

Les pressions désinflationnistes persistent
Dans une perspective plus lointaine, les pressions désinflationnistes à long terme sont toujours présentes : taux d’intérêt qui pourraient continuer d’être contenus par la Fed, surabondance mondiale de l’épargne, vieillissement de la population, innovations technologiques qui améliorent la productivité et l’« Amazonification », soit la possibilité pour les consommateurs d’obtenir des prix plus bas de détaillants en ligne comme Amazon.
En fin de compte, j’estime que les taux d’intérêt peu élevés à long terme sont le point de départ de la reprise qui devrait, selon moi, se poursuivre pendant un certain temps. Les tendances de reprise historiques ont généralement été marquées par une courbe des taux légèrement positive, une stabilisation ou un léger affaiblissement du dollar américain, un raffermissement des prix des produits de base, une surperformance des obligations des sociétés par rapport aux obligations d’État et une surperformance du marché boursier par rapport aux obligations d’État.