Selon Randy Dishmon, gestionnaire de portefeuille d’actions mondiales à Invesco, « le débat opposant la croissance à la valeur passe à côté de la question ». Voyez plutôt ce qui compte pour sa stratégie de placement.
On me questionne souvent sur les perspectives de mon équipe ou sur la manière dont le marché va se comporter à partir de maintenant. Disons que nous ne sommes pas des professionnels en matière de prévisions relatives au marché. Je n’ai pas encore rencontré la personne dans le secteur, aussi brillante soit-elle, qui peut systématiquement faire de l’argent en prédisant correctement les fluctuations à court terme du marché.
La question de l’évaluation et de la lutte entre la « valeur » et la « croissance » pour la palme du style en particulier semble susciter beaucoup de controverse dans les médias financiers.
Les gens adorent les étiquettes. Mais les personnes qui me connaissent depuis 20 ans savent que je les déteste. Selon moi, elles sont les ennemies d’un excellent placement.
La question du style passe à côté de l’essentiel
En général, je pense que toute la discussion sur le style passe à côté de l’essentiel. Le marché est assorti d’une évaluation, qui est parfois juste, parfois trop élevée ou trop basse. Mais nous n’achetons pas le marché, nous achetons une liste d’idées exceptionnelles, choisies avec soin, partout dans le monde. Nous recherchons des sociétés qui possèdent un avantage concurrentiel dans le cadre de tendances de croissance structurelle plus larges qui changent le monde, comme le commerce électronique, les logiciels infonuagiques, les outils de diagnostics médicaux et des sciences de la vie, les paiements numériques et l’immuno-oncologie.
À mon avis, le ratio cours/bénéfice des titres ou des secteurs individuels est inutile sans une compréhension approfondie de leurs paramètres fondamentaux. L’un ne va pas sans l’autre. Nous ne sommes pas préoccupés par l’évaluation des titres que nous détenons; si nous les détenons, c’est parce que nous croyons que leurs paramètres fondamentaux sont très, très solides et que les sociétés qui les émettent sont dotées de caractéristiques qui nous plaisent.
Un supercycle des produits de base?
De nombreux analystes aiment bien remplir du temps d’antenne en spéculant que nous entrons dans les premiers stades d’un supercycle des produits de base, soit une dynamique semblable à celle qui a mené à la dernière période de surperformance des titres de valeur, de 2000 à 2007. Bien que cela donne lieu à de la télévision divertissante, nous pensons que les parallèles que ces analystes établissent sont erronés. Selon nous, le carburant principal de ce marché haussier des produits de base a été les importantes dépenses en immobilisations requises pour urbaniser la Chine, qui connaît une vague démographique sans précédent dans l’histoire, phénomène qui ne se répétera pas de sitôt, voire jamais.
Nous parions plutôt qu’il s’agit d’un cycle de marché qui se déroule à un rythme normal, mais qui est d’une ampleur sans commune mesure en raison de la pandémie de COVID-19.
Les premiers moments d’une période de hausse tendent à favoriser la valeur
À quelle étape du cycle économique nous situons-nous donc? Dans le passé, en période de récession, dans un contexte de faibles bénéfices et de baisse des taux d’intérêt provoquée par les politiques des banques centrales, les actions ont généralement entamé un mouvement ascendant. Les titres les plus sensibles à une reprise (comme les actions cycliques qui ont une dette inscrite au bilan) peuvent connaître une hausse des ratios rapide, car le marché se projette au-delà de la faiblesse actuelle de l’économie. Les solides bénéfices peuvent durer un an ou deux, au fur et à mesure que le cycle de marché se déroule, mais c’est généralement lors de la hausse des ratios précoce que les titres de valeur produisent leurs meilleurs rendements de tout le cycle1.
Si vous pensiez que la reprise des titres de valeur aurait lieu au sortir de la pandémie, sachez qu’elle a déjà eu lieu. Par exemple, de nombreux lecteurs seront peut-être surpris d’apprendre que l’indice de valeur Russell 1000 a surpassé l’indice de croissance Russell 1000 plutôt facilement au cours des 12 derniers mois2. La forte hausse des ratios des titres de valeur s’est produite dans la seconde moitié de 2020 et au tout début de 2021 (voir la figure 1).
Figure 1 : La reprise des titres de valeur a eu lieu avant la fin de la pandémie

En revanche, les titres de croissance sont habituellement moins favorisés par une hausse précoce1. La plupart des sociétés qui affichent une meilleure croissance à long terme ont des cours boursiers qui tendent à suivre la croissance des revenus au fil du temps, ce qui est tout à fait logique. Les capitaux des investisseurs ont toutefois fructifié ailleurs dernièrement, soit dans les actions cycliques.
Les tendances de croissance structurelle persistent
Voilà où nous en sommes. Soyez assurés que les changements structurels ont continué d’être à l’œuvre en coulisses du marché au cours des derniers mois, et nous nous attendons à ce que les marchés soient attirés (comme ils l’ont toujours été) par la croissance vigoureuse et accélérée que bon nombre de ces sociétés enregistrent, malgré l’essoufflement de la reprise cyclique.
Les bénéfices des sociétés qui tirent parti de la croissance structurelle sont intéressants et devraient continuer à l’être un bon moment, à notre avis, du moins.
Comme toujours, à l’échelle des évaluations dans leur ensemble, le marché continue de faire des erreurs. Notre travail consiste à nous préparer et à agir avec confiance lorsque ces erreurs se produisent, afin d’acheter des chefs de file de la croissance structurelle à des prix intéressants. Les erreurs du marché, comme ce dont nous avons été témoins en mars 2020 et de nouveau au début de cette année, créent des occasions pour les investisseurs à long terme comme nous et bon nombre d’entre vous.
Les secteurs de croissance structurelle que j’ai mentionnés précédemment subissent des changements qui ne se produisent qu’une seule fois par génération, et nous croyons que le marché continue de sous-estimer la durabilité du potentiel de croissance des principales sociétés dans ces secteurs. Les évaluations demeurent très intéressantes. La période de publication des résultats sera à nos portes dans quelques semaines, et nous sommes emballés par le potentiel que présentent bon nombre de titres que nous détenons.
1 Source : Bloomberg, L.P., selon l’indice de valeur Russell 1000 et l’indice de croissance Russell 1000, et la façon dont leurs ratios cours/bénéfices ont progressé ou reculé au fil des cycles de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. Il est impossible d’investir directement dans un indice.
2 Source : Morningstar, au 25 juin 2021. Le rendement sur 12 mois de l’indice de valeur Russell 1000 s’est établi à 45,31 % et celui de l’indice de croissance Russell 1000, à 41,84 %. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. Il est impossible d’investir directement dans un indice.