J’ai récemment participé à un webinaire pour les conseillers et les investisseurs sur le thème Marchés financiers : perspective historique et feuille de route vers la reprise, suivi d’une brève période de questions (vous pouvez le visionner en différé en cliquant sur ce lien). J’aimerais profiter de cette occasion pour répondre à certaines questions que nous avons reçues et auxquelles je n’ai pas eu le temps de répondre.
Q : Avant le repli de février et mars, l’économie mondiale semblait déjà au bord de la récession. La période post-COVID-19 sera probablement caractérisée par un chômage et des déficits records et des dépenses de consommation modérées, mais les marchés semblent faire fi de ces facteurs. Pourquoi en est-il ainsi?
R : C’est une excellente question et nous constatons assez souvent cette disparité entre les statistiques économiques et les rendements des marchés. En règle générale, les marchés boursiers ne suivent pas l’amélioration ou la détérioration des statistiques économiques, mais plutôt l’accélération ou le ralentissement de leur variation. Il ne s’agit pas de savoir si ça va bien ou mal, mais bien de voir à quelle vitesse la situation s’améliore ou se dégrade. Dans le cas présent, les choses pourraient empirer, mais à un rythme plus lent qu’auparavant.
Par exemple, si le nombre de demandes de prestations d’assurance-chômage augmente de 5 % au cours de la première semaine, de 10 % au cours de la deuxième et de 4 % au cours de la troisième. De toute évidence, si l’augmentation suivante était de 4 %, ce serait une mauvaise nouvelle, mais ce serait mieux que de voir le taux continuer de grimper (comme par exemple à 12 %). Si, à la quatrième semaine, l’augmentation est de 4 % ou moins, les marchés pourraient voir cela comme une tendance à l’amélioration et les cours grimperaient peut-être.
Il en va de même de la vitesse à laquelle la COVID-19 se propage. Le nombre de nouveaux cas augmente mais, à l’instar des données sur le nombre de demandes de prestations d’assurance-chômage, la propagation ralentit.1
Chaque fois que les investisseurs me posent cette question, je leur rappelle que le marché n’attend pas nécessairement qu’ils soient convaincus que les choses vont finalement « bien aller ». Il va réagir dès qu’il verra une amélioration, même si les nouvelles sont encore « mauvaises ».
Q : Comment pensez-vous que les gouvernements vont éponger la dette contractée pendant la lutte contre le virus? Les contribuables et ceux qui en ont les moyens ne devraient-ils pas payer? Quels sont les effets à long terme de l’alourdissement continuel du bilan de la Réserve fédérale américaine?
R : Il y a encore beaucoup de confusion et de conflits à savoir si la dette publique est bonne ou mauvaise. D’un point de vue historique, la dette fédérale américaine augmente régulièrement depuis la fondation du pays. Loin d’être un frein à la croissance, tout au long du XXe siècle, les États-Unis ont été beaucoup plus prospères, même si leur dette a augmenté de façon spectaculaire.2
Cette prospérité a contribué au service et à la viabilité de la dette américaine; le gouvernement peut emprunter davantage parce que le pays dans son ensemble est prospère. Cette capacité à accéder aux marchés financiers offre aux États-Unis une marge de manœuvre budgétaire inégalée et nécessaire pour relever le défi auquel le pays est confronté aujourd’hui.
La dette accumulée depuis l’éclosion de la COVID-19 semble stupéfiante; la loi Coronavirus, Aid, Relief and Economic Security (CARES) a coûté, à elle seule, 2,4 mille milliards $US, ce qui est plus que le coût de la sécurité sociale, des dépenses en défense et des dépenses discrétionnaires réunies pour l’exercice 2019. La dette fédérale devrait atteindre 122 % du produit intérieur brut. 3
Bien qu’elle soit élevée par rapport à la moyenne historique, elle n’est que légèrement supérieure au sommet de 119 % du PIB atteint pendant la Seconde Guerre mondiale. La croissance enregistrée au cours des décennies qui ont suivi a allégé ce fardeau et je pense que ce sera encore le cas.3
L’histoire nous a appris que l’augmentation de la dette n’a fait qu’accentuer la demande de bons du Trésor américain. La dette publique et les dépenses ont augmenté régulièrement au cours des 30 dernières années, mais les taux d’intérêt ont chuté de façon spectaculaire. L’attractivité de la dette américaine est restée élevée, car c’est le marché le plus vaste et le plus liquide du monde avec plus de 20 mille milliards $US.4