L’année vient à peine de commencer et la propagation d’Omicron se poursuit; de plus, la Réserve fédérale américaine (Fed) a adopté une position belliciste. Est-ce que cela va changer nos perspectives pour 2022? Pas de façon radicale, mais la situation nous oblige à les revoir.
L’élaboration des perspectives annuelles est un exercice important pour Invesco. Nous amorçons le processus au début de septembre : nous rassemblons une partie de nos conseillers en placements et leaders d’opinion les plus chevronnés qui représentent différentes régions et catégories d’actifs afin d’entreprendre un processus qui comporte plusieurs étapes.
D’abord, nous établissons des prévisions de produit intérieur brut et d’inflation compte tenu d’une variété d’intrants. Nous prenons également en considération les politiques budgétaire et monétaire de divers pays et régions pour nous aider à nous faire une tête. Nous déterminons ensuite où nous nous situons dans le cycle économique, afin de savoir quelles catégories d’actifs privilégier. Pour continuer de couvrir l’étendue des scénarios possibles dans la conjoncture actuelle, nous vous proposons non seulement un scénario de base, que nous considérons comme étant le plus probable, mais aussi deux autres scénarios possibles de risques extrêmes et nous envisageons les retombées de chacun de ces scénarios sur les placements.
Lorsque nous avons publié les Perspectives de placement pour 2022 au début de décembre, nous avons émis une mise en garde à savoir que nos points de vue remontaient à avant l’émergence du variant Omicron et qu’il était possible que la Fed procède à un retrait graduel accéléré des achats d’actifs. Nous étions conscients qu’il faudrait probablement revoir nos perspectives si un événement assez significatif pour modifier le paysage macroéconomique et les rendements des placements devait survenir. Ainsi, nous nous sommes récemment réunis de nouveau pour évaluer l’impact de la propagation du variant Omicron et la volte-face belliciste de la Fed.
Les perspectives ont-elles changé?
Résultat : nos perspectives demeurent en grande partie intactes, mis à part quelques exceptions dignes de mention :
- Nous croyons qu’Omicron va nuire à la croissance au premier trimestre, mais que le retard sera rattrapé plus tard dans l’année, probablement dès le deuxième trimestre, vu la vitesse à laquelle Omicron évolue.
- Nous sommes également d’avis qu’un plus grand resserrement de la politique monétaire est probable, compte tenu de la volte-face belliciste de la Fed. Cependant, nous ne pensons pas le resserrement sera radical au point de mettre fin au cycle économique; nous nous attendons encore à une décélération pausée de la croissance aux États-Unis et dans les autre pays industrialisés qui ont décidé d’abolir les mesures de relance budgétaire et monétaire. Il y a toujours le risque d’une erreur de politique, mais cela ne fait pas partie de notre scénario de base.
- De plus, en raison d’Omicron, nous nous attendons à d’autres perturbations des chaînes d’approvisionnement vu que la Chine effectue des fermetures ciblées dans le cadre de sa stratégie visant zéro cas de COVID. Cela risque de nuire à la croissance de la Chine, mais ne devrait la faire dérailler. De plus, cela va probablement exacerber les pressions inflationnistes, si bien que l’inflation pourrait demeurer élevée pendant un peu plus longtemps que prévu et que le sommet risque d’être atteint plus tard qu’au milieu de l’année, comme nous l’avions anticipé dans nos perspectives.
- Omicron a aussi augmenté la possibilité d’un scénario de risque extrême de type « inflation persistante » que nous avons abordée dans nos perspectives, car il pourrait exacerber l’inflation. Cependant, ce n’est pas notre scénario de base.
Cela aura-t-il un impact sur nos perspectives à l’égard des catégories d’actifs?
Les deux catégories d’actifs de prédilection de notre scénario de base qui pourraient être touchées par la propagation d’Omicron et la position plus belliciste de la Fed sont les titres des marchés émergents et les actions à plus longue durée. Cela étant dit, nous continuons de privilégier ces deux catégories d’actifs :
- Titres des marchés émergents. Comme Omicron a très peu altéré nos prévisions de croissance pour 2022, nous privilégions toujours cette catégorie d’actifs. Nous sommes d’avis qu’Omicron pourrait retarder quelque peu la réaccélération de la croissance des marchés émergents, mais celle-ci pourrait en fait être plus costaude grâce à l’immunité qu’Omicron pourrait apporter. Nous persistons à croire que le dollar américain va évoluer de façon relativement neutre, ce qui justifie également notre préférence pour les marchés émergents. J’émets également la mise en garde que beaucoup de facteurs particuliers ont été des vecteurs de rendement des marchés émergents en 2021 et que ce sera probablement encore le cas en 2022. Nous vous reviendrons avec des perspectives plus précises sur différents aspects des marchés émergents.
- Actions à plus longue durée. Dans nos perspectives, nous vous avions dit que nous nous attendons à ce que les taux à longue échéance demeurent stables ou baissent légèrement. Après un débat animé, nous réitérons nos perspectives. Nous nous attendons à des pressions soutenues qui pourraient faire grimper les taux à courte et moyenne échéances, par contre, nous croyons que les taux à longue échéance vont demeurer stables ou fléchir quelque peu, ce qui privilégierait probablement les actions à plus longue durée. Cela tient au fait qu’en gros, les perspectives de croissance demeurent inchangées, mis à part un changement des titres qui vont contribuer à la croissance entre le premier et le deuxième trimestre. Nous sommes conscients qu’un autre scénario pourrait se produire dans lequel les taux à long terme augmenteraient, point de vue de l’équipe d’Invesco Fixed Income, ce qui nous obligerait à modifier nos perspectives en ce qui a trait à l’échéance des titres. Par conséquent, nous émettons une mise en garde, à savoir que nos perspectives pourraient changer lorsque nous nous réunirons pour délibérer sur nos perspectives de mi-année. Si nous jugeons qu’il pourrait y avoir une réaccélération de la croissance (comme ce fut le cas en 2005 et 2010), nos perspectives sur l’orientation des taux et, par conséquent, sur l’échéance des titres, vont probablement changer.
Conclusion
Malgré l’impact du variant Omicron, notre hypothèse clé tient encore la route : nous nous attendons à une convergence des rendements de toutes les catégories d’actifs car la croissance économique se rapproche de la tendance des taux de croissance. Comme nous l’avons écrit en décembre, tout est en place pour que 2022 soit une année de transition.