La Banque du Canada a adopté un ton résolument plus ferme, relevant les taux d’intérêt à 1 % durant le mois et laissant planer l’éventualité d’une autre hausse cette année. Le taux de référence a été porté à 0,75 % en juillet1. Les données économiques récentes continuent de surpasser les attentes.
À 4,6 %, la croissance du PIB canadien sur un an (mai 2016 à mai 2017) compte parmi les plus élevées des pays développés et l’inflation reste faible, à 1,2 % sur un an2. Le taux des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans a atteint un sommet de 2,05 % à la fin juillet, puis a rapidement chuté3. Nous croyons que le ton ferme de la Banque du Canada suggère que le risque de hausse des taux d’intérêt et d’appréciation du dollar canadien persistera.
Voici les plus récentes perspectives de l’équipe d’Invesco Fixed Income à l’égard des taux d’intérêt mondiaux.
Les données sur l’inflation sont toujours inférieures aux attentes. Une hausse de taux en décembre n’est cependant pas impossible, mais la faiblesse persistante pourrait inciter la Réserve fédérale américaine (Fed) à revoir ses prévisions. Néanmoins, la Fed prévoit toujours entamer la réduction de son programme de réinvestissement en septembre, et nous croyons que l’inflation commencera à se stabiliser vers la fin de 2017. Ce contexte d’inflation et la solidité de la croissance mondiale exerceront probablement des pressions à la hausse sur les taux américains, à mesure que la prime de durée sera prise en compte.
Comme la croissance continue de s’accélérer en Europe et qu’elle devient plus généralisée, un retrait progressif des politiques monétaires ultra-expansionnistes semble inévitable et est largement attendu. La Banque centrale européenne (BCE) devrait selon nous éliminer ses politiques non conventionnelles actuelles de façon très graduelle et très prudente afin de limiter les perturbations sur le marché, en évaluant la trajectoire future de l’inflation (qui demeure nettement en deçà de sa cible de 2 %), les conditions financières et la croissance mondiale. Nous croyons que la BCE réévaluera sa politique monétaire et qu’elle annoncera en octobre une autre réduction de son programme de rachat d’actifs (le faisant passer de 60 G€ à 40 G€), qui entrera en vigueur en janvier.
Chine
La courbe des taux des obligations d’État de la Chine continentale s’est accentuée le mois dernier, car la banque centrale a maintenu des conditions de liquidités relativement serrées sur le marché interbancaire, tandis que l’offre d’obligations d’administrations locales et l’octroi de crédit sont restés vigoureux. Compte tenu de l’incidence de la fin du trimestre, les conditions de liquidité pourraient se resserrer davantage en septembre – les petites institutions financières pourraient faire face à des difficultés de financement, même si les conditions de liquidité des grandes banques devraient rester stables. À moyen terme, nous croyons qu’une baisse des taux d’intérêt demeure possible, car le resserrement de la réglementation financière et l’intensification des efforts pour réduire l’endettement découlant la National Financial Work Conference devraient atténuer l’appétit pour le risque et ralentir la croissance générale du crédit.
Japon
Le Japon vient d’annoncer son sixième trimestre de croissance de suite, soit la période de progression ininterrompue la plus longue en plus de dix ans. Le plus remarquable est que cette croissance a été généralisée et qu’elle n’est pas seulement attribuable à une augmentation temporaire des stocks. Surtout, le consommateur continue de jouer un rôle essentiel. Il est difficile de déterminer ce qui a provoqué le changement de mentalité des consommateurs, mais la légère augmentation des salaires, l’effet de richesse positif et la hausse des emplois à plein temps y ont probablement contribué. Pour l’avenir, nous croyons que la Banque du Japon maintiendra sa politique monétaire, mais elle pourrait toutefois changer sa position si les autres banques centrales mondiales procédaient à un resserrement. Nous nous attendons à ce que les taux des obligations d’État japonaises à 10 ans restent confinés à l’intérieur d’une fourchette de 0 à 0,1 % à court terme.
Royaume-Uni
Les prévisions de croissance économique du Royaume-Uni pour le reste de l’année 2017 sont peut-être trop pessimistes. Plusieurs prévisions sont fondées sur le fait que les consommateurs contribuent moins à l’économie que par le passé (l’épargne des ménages n’a jamais été aussi faible, les salaires réels sont négatifs et la croissance du prix des propriétés ralentit). Cependant, les récentes données suggèrent que le ralentissement pourrait tarder à se manifester. Le taux d’épargne des ménages sous-estime le montant mis de côté par les consommateurs en prévision de jours difficiles, l’emploi semble tenir le coup, l’inflation devrait baisser et pour l’instant, les prix des maisons demeurent stables. De plus, la faiblesse de la livre sterling soutient les exportations et le gouvernement du Royaume-Uni continuera probablement d’essayer de démontrer qu’il ne laissera pas l’économie s’effondrer (à cause du Brexit), ce qui pourrait donner lieu à une croissance inattendue. Les discussions sur le Brexit pourraient cependant provoquer des divisions au cours des prochains mois, et nous nous attendons à ce que la Banque d’Angleterre maintienne sa politique monétaire jusqu’à la fin de l’année.
Australie
Comme prévu, la Banque de réserve d’Australie (BRA) a maintenu son taux directeur à 1,50 % lors de sa réunion du mois d’août4. L’inflation annuelle est toujours inférieure à la cible de la BRA et le taux de chômage reste élevé (5,6 %)5. Le marché de l’habitation demeure solide et cette particularité, combinée à la faiblesse de l’inflation, au taux de chômage obstinément élevé et à la croissance des salaires, devrait inciter la BRA à maintenir ses taux au niveau actuel dans un avenir prochain. Nous maintenons notre position neutre à l’égard des taux d’intérêt australiens.