L’histoire nous a appris que la période qui suit le pic d’inflation peut être favorable aux marchés boursiers. Brian Levitt examine le rendement des marchés boursiers américains après les pics d’inflation de 1974 et de 1980.
L’histoire nous a appris que la période qui suit le pic d’inflation peut être favorable aux marchés boursiers. Brian Levitt examine le rendement des marchés boursiers américains après les pics d’inflation de 1974 et de 1980.
Si je me fie aux nombreuses questions qui me sont posées, les investisseurs se souviennent très bien des années 70 et s’inquiètent des parallèles évidents que nous constatons aujourd’hui : inflation élevée,1 réaction lente de la Réserve fédérale américaine (Fed), conflit mondial qui exacerbe le problème. Comme si la ressemblance n’était pas déjà assez grande, Paul McCartney, Elton John et Bob Weir font encore des tournées de spectacles et leurs billets ont fait un trou dans mon budget, tout comme l’essence à 5 $ le gallon.
Les investisseurs font tout pour oublier leurs costumes en polyester et leurs vestes crochetées, mais ils se rappellent comme si c’était hier de la chute de 34 % de l’indice S&P 500 entre mars 1973 (lorsque le taux d’inflation sur douze mois a franchi le cap des 4,5 %) et décembre 1974 (lorsque le rythme de variation du taux d’inflation a culminé).2 Le début des années 80 n’a guère été plus réconfortant, car l’inflation a bondi à près de 15 %.3 Ça, c’est ce que nous savons. Mais que s’est-il passé une fois que l’inflation a culminé?
Le graphique ci-dessous illustre le rendement des marchés boursiers américains après les pics d’inflation de décembre 1974 et de mars 1980. Dans les deux cas, les marchés ont enregistré des rendements appréciables sur les périodes de 1, 3, 5 et 10 ans qui ont suivi.4
Les marchés boursiers américains se sont redressés après les pics d’inflation des années 70 et 80

Il ne s’agit pas de savoir si ça va « bien » ou « mal ».
Comme on sait, ce n’est pas une question de savoir si les conditions sont bonnes ou mauvaises, mais plutôt si elles vont s’améliorer ou se détériorer par rapport aux attentes. Par conséquent, les pics d’inflation de 1974 et de 1980 sont survenus quand ça allait « mal » mais en voie de s’améliorer; ce n’était pas une époque où il fallait adopter une attitude baissière à l’égard des marchés boursiers à long terme. Certes, les marchés n’ont pas évolué en ligne droite. L’économie américaine a même amorcé une récession au milieu de 19815 et les investisseurs ont souvent craint un retour de l’inflation mais, en bout de ligne, les investisseurs à long terme ont été récompensés.
L’inflation a-t-elle culminé?
Cela nous amène à aujourd’hui. L’inflation aux États-Unis a-t-elle culminé? Il est encore trop tôt pour le dire. Le mois d’avril a été le premier des huit derniers mois au cours duquel la fluctuation en pourcentage sur douze mois de l’indice des prix à la consommation américain a été inférieure au mois précédent, mais par une très faible marge, et il a tout de même été pire que ce à quoi on s’attendait.6 Néanmoins, c’est un début. En fait, nous avons de bonnes raisons d’être rassurés : les attentes d’inflation du marché obligataire américain ont considérablement diminué ces dernières semaines,7 la mesure d’inflation de prédilection de la Fed (dépenses de consommation personnelle) a commencé à baisser sur une période de douze mois,8 la hausse du salaire horaire moyen ralentit,9 la croissance de la masse monétaire M2 dégringole10 et les stocks des détaillants s’accumulent massivement.11 Certes, le risque associé au pic d’inflation repose sur les prix des produits de base, qui continuent de grimper.
Assis sur la banquette arrière de l’automobile familiale dans les années 70, je répétais sans cesse « Est-ce qu’on est arrivé? » Ou, devrais-je dire, « Est-ce qu’on approche? » Oui, on dirait bien. Tout est une question d’inflation maintenant et si l’on se fie à l’histoire, les signes d’un pic d’inflation peuvent engendrer un climat favorable aux marchés boursiers.
1 Représentée par l’indice des prix à la consommation américain. Source : U.S. Bureau of Labor Statistics, 30/04/2022.
2 Source : Bloomberg
3 Représentée par l’indice des prix à la consommation américain. Source : U.S. Bureau of Labor Statistics.
4 Source : Bloomberg Représenté par l’indice S&P 500.
5 Source : National Bureau of Economic Research
6 Représenté par l’indice des prix à la consommation américain. Source : U.S. Bureau of Labor Statistics, 30/04/2022.
7 Source : Bloomberg. Représenté par le point mort d’inflation des titres du Trésor protégés contre l’inflation à 1, 3 et 5 ans. Le point mort d’inflation est calculé en soustrayant le taux d’une obligation indexée sur l’inflation du taux d’une obligation nominale de même échéance.
8 Source: U.S. Bureau of Economic Analysis, 30/04/2022.
9 Source : U.S. Bureau of Labor Statistics, 30/04/2022.
10 Source : Réserve fédérale américaine, 30/04/2022. La M2 est une mesure de la masse monétaire américaine qui comprend la M1 (la monnaie et les pièces détenues par le public non bancaire, les dépôts avec privilège de chèques et les chèques de voyage) plus les dépôts d’épargne (y compris les comptes de dépôt du marché monétaire), les petits dépôts à terme inférieurs à 100 000 $ et les parts de fonds du marché monétaire des épargnants.
11 Source : U.S. Census Bureau, 30/04/2022.