Les investisseurs qui ont un horizon de placement de 50 ans n’ont rien à craindre si l’on se fie à l’histoire, car il y a eu 14 marchés baissiers au cours des 50 dernières années.1 Cela équivaut à un marché baissier tous les 3,57 ans.2 L’histoire nous révèle également que pendant ces marchés baissiers, les investisseurs devraient s’attendre à ce que leur portefeuille d’actions perde en moyenne 32 % de sa valeur (la perte médiane se chiffrant à 28,8 %).3 C’est presque suffisant pour que les investisseurs se demandent pourquoi investir sur les marchés boursiers. Or, les actions, représentées par l’indice S&P 500, ont affiché un rendement annuel moyen de 10,5 % au cours des 50 dernières années.4 Cela signifie que la valeur de leur placement a doublé en moyenne tous les 6,9 ans, malgré tous les marchés baissiers.5
L’entrée de l’indice S&P 500 en territoire baissier (défini comme une chute de 20 % par rapport à un récent sommet du marché) mercredi a fait couler beaucoup d’encre. C’était la première fois en 11 ans que cela se produisait sur les marchés boursiers américains. Beaucoup se sont empressés de déclarer que : « le plus long cycle de marché de l’histoire est terminé ». C’est peut-être vrai techniquement, mais c’est aussi jouer sur les mots. Même ce cycle record a connu des replis marqués. On a enregistré des baisses de près de 20 % en 2011 (pendant la crise de la dette européenne et la baisse de la notation de la dette publique américaine) et en 2018 (en réaction à la guerre commerciale sino-américaine et aux hausses des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine). On ne peut pas faire comme si cela ne s’était jamais produit. Même le repli boursier de 15 % survenu en 2016 (en réaction à la dévaluation de la devise chinoise et à la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine) a été particulièrement pénible à l’époque. Néanmoins, le marché boursier américain est en hausse de près de 350 % par rapport à mars 2009 (en date du 11 mars 2020).6
C’est peut-être une maigre consolation pour les investisseurs et les professionnels de la finance qui sont confrontés aux incertitudes de l’épidémie de coronavirus et qui peinent à évaluer l’ampleur des pertes potentielles d’activité économique et de bénéfices des entreprises dans les prochaines semaines. Sincèrement, nous sommes tous dans le même bateau. En pareilles circonstances, nous avons tendance à nous concentrer sur ce que nous voulons maintenant, au lieu de ce que nous voulons le plus. Ce que bon nombre d’entre nous veulent en ce moment, c’est la sécurité de nos proches et de nos portefeuilles de placement. Or, ce que nous voulons par-dessus tout, c’est la sécurité financière à long terme. Nous savons que les actions, plus que toute autre catégorie d’actif, ont toujours eu le plus grand pouvoir multiplicateur. C’est là notre grand dilemme.
Bien se synchroniser avec le marché est quasiment impossible
Il est important de se reporter aux faits historiques pour ne pas se laisser influencer par nos émotions. Aujourd’hui, la plupart des investisseurs ont déjà entendu parler des recherches qui démontrent que rater les 10 meilleurs jours de bourse sur une période de 20 ans réduirait de moitié leurs rendements et rater les 30 meilleurs jours de bourse produirait un rendement cumulatif négatif à long terme.7 Hélas, la plupart des sociétés qui font état de ces recherches omettent de communiquent les plus grandes leçons à tirer de ces recherches : 1) au moins la moitié des meilleurs jours de bourse sont survenus pendant un marché baissier; et 2) 30 % des meilleurs jours de bourse sont survenus au cours des deux premiers mois d’une reprise.8 Bref, se synchroniser avec le marché est souvent peine perdue, surtout pendant les périodes de pessimisme extrême.
Pour conclure, j’aimerais (pour la deuxième fois cette semaine) rappeler aux investisseurs que pendant la période de 20 ans allant de 1998 à 2018, nous avons vécu l’effondrement des valeurs technologiques, les attentats terroristes du 11 septembre, une crise financière mondiale, la crise de la dette européenne, le Brexit et de nombreux épisodes de maladies infectieuses (H1N1, SRAS, Ebola et SRMO), pourtant l’indice S&P 500 a continué de grimper de 7 % par année.9 Un placement boursier de 100 000 $ effectué en 1998 vaudrait aujourd’hui plus de 400 000 $.10
ous passerons à travers cette crise en appliquant les mêmes principes de base qu’au cours de chacune des autres crises et marchés baissiers et en continuant d’investir sur un horizon de plusieurs années : pensez à long terme et conservez vos placements.