Les investisseurs craignent plusieurs problèmes. Toutefois, Talley Léger estime que l’inflation, les préoccupations à l’égard de la croissance en Chine et les cas de coronavirus devraient s’estomper avec le temps.
L’Halloween approche à grands pas et les investisseurs craignent un certain nombre de problèmes réels. Heureusement, je crois que nous observons des signes indiquant que ces préoccupations devraient devenir moins inquiétantes avec le temps. J’aborderai ci-dessous trois de ces questions en particulier : L’inflation, la croissance économique en Chine et les cas de coronavirus.
Première crainte – L’inflation
D’abord et avant tout, les investisseurs craignent l’inflation qui accable actuellement le marché. Comme le montre la figure 1, l’inflation des dépenses personnelles de base aux États-Unis (qui exclut les prix des aliments et de l’énergie) a bondi de plus de 3,6 % sur 12 mois, soit le rythme le plus rapide depuis le début des années 1990. Toutefois, l’inflation des prix du pétrole, un facteur clé del’inflation globale, a fortement ralenti, car les prix du pétrole ont augmenté à un rythme nettement plus lent. À mon avis, la forte influence et la caractéristique dominante du pétrole laissent entrevoir une baisse de l’inflation non alimentaire et énergétique, mais avec un effet retardé.
Figure 1 : Alerte au divulgâcheur – les prix du pétrole laissent-ils entrevoir la fin de ce scénario d’inflation « effrayant »?
Inflation des prix du pétrole (bleu foncé, avancée) et inflation des dépenses personnelles de base (bleu pâle) depuis 2013

De plus, comme le montre la figure 2, l’indice médian des prix à la consommation aux États-Unis, une mesure statistique simple qui exclut les valeurs aberrantes volatiles, demeure à un taux annuel relativement calme, modéré et soutenu de 2,8 % sur 12 mois, encore plus qu’il ne l’était au moment de la grande récession et de la crise financière mondiale de 2008-2009. À cette époque, une inflation globale tout aussi effrénée a finalement cédé la place à une forte désinflation, voire à une déflation, un processus qui, il faut l’admettre, a pris la majeure partie de l’année pour suivre son cours.
Figure 2 : L’inflation ralentira-t-elle comme elle l’a fait en 2008-2009?
Inflation tendancielle des prix à la consommation aux États-Unis (bleu foncé) et inflation globale des prix à la consommation aux États-Unis (bleu pâle) depuis 2007

Certes, le contexte est différent de celui d’il y a plus de 12 ans. En effet, les consommateurs et les banques américains sont en bonne santé par comparaison, et la vigueur de l’économie intérieure a fait grimper les prix des biens et des services très visibles à court terme.
Est-il possible que les perspectives tactiques et structurelles à l’égard de l’inflation soient justes? Après un rebond rapide de la relance, en supposant que les goulots d’étranglement liés à la production et les pénuries de main-d’œuvre liés à la pandémie finissent par se résorber, sommes-nous destinés à revenir à l’environnement économique déficient sur le plan structurel d’avant la pandémie? Cela pourrait se produire si les forces à long terme qui plafonnent l’inflation tendancielle demeurent en place. Le temps nous le dira, comme toujours, mais je préfère ce dernier point de vue en tant qu’investisseur à long terme.
Deuxième crainte – La croissance en Chine
Les indicateurs économiques avancés diminuent dans toutes les régions, ce qui comprend un ralentissement marqué dans la deuxième économie mondiale, la Chine. En effet, le rythme de la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de la Chine qui se situait dans les deux chiffres au premier trimestre de cette année a diminué pour se placer dans les 5 % à 10 % au deuxième trimestre.
Pourquoi? Après une campagne de relance qui a connu un succès phénoménal en 2020, les autorités chinoises ont mis les freins au début de 2021 – ce qui s’est traduit en partie par une hausse temporaire des taux interbancaires à Shanghai – pour limiter l’effervescence et l’excès qui, selon elles, se développaient. Par conséquent, les actions chinoises ont été à la traîne de leurs homologues américaines cette année, ce qui s’ajoute à un ralentissement de la croissance monétaire1.
Figure 3 : Les actions chinoises ont souffert du ralentissement de la croissance monétaire
Croissance de la masse monétaire (bleu foncé) et rendements boursiers (bleu pâle) en Chine depuis 2000

et l’indice composé SSE sont en yuans. Il est impossible d’investir dans un indice. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.
La réaction excessive de Beijing et le ralentissement économique qu’elle a provoqué ont également mis à mal les meneurs des marchés boursiers cycliques aux États-Unis, ce qui, selon moi, a constitué un autre point d’entrée intéressant pour les investisseurs patients.
Intuitivement, il existe un lien étroit entre la croissance de la masse monétaire et les rendements boursiers au fil du temps. Après tout, l’argent va généralement là où il est le mieux traité. Et lorsqu’il y a des liquidités excédentaires dans le système financier, elles ont tendance à se retrouver d’abord sur le marché boursier.
Heureusement, les autorités monétaires chinoises ont réduit les réserves obligatoires que doivent maintenir leurs banques, injecté des capitaux dans leur système et favorisé une nouvelle baisse des taux interbancaires. Dans le passé, les baisses de taux d’intérêt ont été suivies d’une accélération de la croissance de la masse monétaire après environ six mois, comme le montre la figure 4. Si cette corrélation se maintient, je m’attends à ce qu’une vague de capitaux se propage pour stimuler les actions chinoises et des marchés émergents en général.
Figure 4 : Les baisses de taux décrétées par Beijing aujourd’hui pourraient se traduire par une augmentation de la masse monétaire demain, ce qui pourrait être de bon augure pour les actions chinoises et des marchés émergents Taux d’intérêt institutionnel (bleu foncé, inversé, avancé) et croissance de la masse monétaire (bleu pâle) en Chine depuis 2008

Troisième crainte – Les cas de SRAS-CoV-2
Je ne suis pas virologue, je suis seulement stratège en placement. Toutefois, en ce qui concerne les variants du coronavirus, je crois que le dernier graphique peut rassurer les investisseurs.
Le nombre effectif de reproducteurs (Rt) du coronavirus est le nombre moyen de personnes qu’une personne infectée un jour donné (t) devrait infecter. Lorsque le Rt est supérieur à 1, nous nous attendons à ce que le nombre de cas augmente dans un proche avenir. Lorsque le Rt est inférieur à 1, nous nous attendons à ce que le nombre de cas diminue dans un proche avenir.
Fait encourageant, le Rt a fortement reculé par État américain, ce qui signifie que les personnes nouvellement infectées contaminent d’autres personnes (ce qu’on appelle les « infections secondaires ») à un rythme décroissant. Cela montre un bon potentiel pour le nombre de cas coïncidents aux États-Unis, qui est inférieur d’environ un mois au nombre de Rt (figure 5)!
Figure 5 : Les personnes nouvellement infectées contaminent les autres à un rythme décroissant
Nombre d’États américains aux prises avec des infections secondaires croissantes (bleu foncé, avancé) et cas américains (bleu pâle) depuis 2020

Ayez du courage
En fin de compte, les conditions financières demeurent historiquement souples, et les autorités demeurent généralement favorables à la croissance économique, bien qu’à un rythme plus durable. Dans un contexte d’expansion économique soutenue, je crois que les actions et les obligations de sociétés sont les catégories d’actif de choix.
Les effets de la pesanteur et les lois naturelles laissent entrevoir un ralentissement, mais aussi des rendements positifs pour les secteurs cycliques au cours de la prochaine année. Autrement dit, l’approche cyclique (p. ex., les obligations de sociétés, les actions, les secteurs sensibles à l’économie) peut toujours fonctionner, mais tout simplement pas aussi bien que l’année dernière, selon moi.
À un moment donné, les rendements cycliques pourraient même se redresser à mesure que les craintes actuelles commencent à s’estomper. Rappelons que le cycle économique le plus long jamais enregistré a été confronté à de nombreuses difficultés qui se sont révélées être des occasions d’achat, notamment la crise de la dette dans la zone euro en 2011, l’atterrissage brutal en Chine en 2015-2016 et les guerres commerciales de 2018-2019.
Dans ce contexte, je crois que les investisseurs devraient se concentrer sur les régions, les pays, les catégories d’actif et les segments de marché procycliques de leurs portefeuilles.
1 En monnaie locale, la Bourse de New York a progressé de 11 % et la Bourse de Shanghai, de seulement 3 % depuis le début de l’année en date du 15 octobre 2021. Les rendements passés ne garantissent pas les rendements futurs.