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Kristina Hooper | 2 juin 2022

Une reprise boursière pourrait-elle durer?

Les actions mondiales ont effectué un retour en force la semaine dernière, mais la tendance va-t-elle se maintenir? Kristina Hooper s’attend à plus de volatilité à court terme, mais est confiante que nous assisterons à un retour en force durable à long terme.

Tout le monde aime une bonne histoire de retour en force et certaines sont plus impressionnantes que d’autres. L’un des plus grands retours en force est celui de Winston Churchill. Peu de gens se souviennent que, jeune homme, il était premier lord de l’Amirauté en Grande-Bretagne et a été tenu responsable de l’échec de la Bataille des Dardanelles et d’autres erreurs pendant la Première Guerre mondiale. Il a été amplement critiqué et contraint de démissionner, mais a décidé d’effectuer un retour en force. Il a fallu des années pour rétablir sa réputation, mais il est finalement devenu un premier ministre bien aimé et respecté qui a guidé le Royaume-Uni — et le monde — pendant la Seconde Guerre mondiale.

Nous avons assisté à d’autres grands retours en force dans l’histoire, comme celui d’Ulysses S. Grant (qui est passé de retraité des forces armées à homme d’affaires criblé de dettes, puis à général pendant la guerre civile et président des États-Unis) et Lee Kuan Yew (qui a contribué à faire de Singapour une puissance économiquement dynamique après la déception d’une fusion éphémère avec la Malaisie). Mais il y a aussi eu des retours moins élogieux, comme celui de l’empereur français Napoléon Bonaparte, qui s’est échappé de l’île d’Elbe où il était en exil et est retourné en France; cependant, son deuxième règne s’est terminé de manière célèbre en environ 100 jours après une défaite qui a fait de nombreux morts aux mains des Britanniques à Waterloo.

J’ai cité ces exemples parce que nous avons assisté la semaine dernière à un retour en force des actions mondiales. L’indice MSCI monde a augmenté de 4,6 % la semaine dernière, mené par les États-Unis, mais les actions européennes ont également connu un fort rebond.1 En particulier, les valeurs technologiques ont affiché des gains appréciables, comme en témoigne l’indice composé NASDAQ, qui a augmenté de plus de 6 %.2 Mais cela soulève deux questions : 1) Qu’est-ce qui a engendré le rebond?; et 2) La tendance va-t-elle se maintenir?

Qu’est-ce qui a engendré ce rebond?

Répondons d’abord à la première question. Difficile de savoir exactement ce qui a engendré ce rebond, mais je crois que c’est une combinaison de facteurs. Au début de la semaine, nous avons appris que l’Administration Biden envisageait de réduire certains tarifs de l’ère Trump sur les produits chinois.3 À mon avis, les tarifs douaniers n’ont jamais aidé l’économie américaine et, même s’ils ne sont pas une source majeure d’inflation, chaque petit geste compte. Je crois donc que cela a ravivé, à juste titre, la confiance des investisseurs.

Ensuite, il y a eu la triade des grands PDG (Jamie Dimon de JPMorgan Chase, Jane Fraser de Citigroup et Brian Moynihan de Bank of America) qui a déclaré au Forum économique mondial de Davos que l’économie américaine se porte bien, qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre et que les États-Unis vont probablement éviter une récession.4 Je crois que cela a certainement contribué à rassurer les investisseurs.

Puis, il y a eu le procès-verbal du Federal Open Market Committee, que la plupart des observateurs ont considéré comme plutôt accommodant. La Réserve fédérale américaine (Fed) a admis que son durcissement de ton avait fait le gros du travail à sa place, puisque les conditions financières se sont déjà passablement resserrées. Le procès-verbal indique que la Fed anticipe un « double-double jeu » (c’est-à-dire des hausses de 50 points de base à ses deux prochaines réunions), suivi d’une évaluation de l’orientation que prendra la Fed, ce qui pourrait conduire à un resserrement moins marqué par la suite. En d’autres termes, la Fed serait « dépendante des données », ce qui, à mon avis, est carrément essentiel pour pouvoir parvenir à effectuer un « atterrissage en douceur ». Cependant, certains membres de la Fed militent en faveur d’une approche plus belliciste; par exemple, la présidente du conseil de la Fed de Cleveland, Loretta Mester, a déclaré plus tôt ce mois‑ci que si l’inflation ne se « modère » pas d’ici septembre, il faudra « peut-être accélérer la cadence des hausses de taux ».5 Mais cela semble être l’avis de la minorité, du moins pour l’instant.

Certains détaillants américains ont peint un portrait plus optimiste de l’économie américaine que certains de leurs pairs qui ont dévoilé leurs résultats plus tôt. Il s’avère que certains détaillants américains continuent de voir leurs clients dépenser vigoureusement, tandis que d’autres sont capables de tirer leur épingle du jeu malgré les pressions qui s’accentuent.

Ensuite, nous avons vu des signes qui montrent que l’inflation américaine pourrait plafonner, si ce n’est déjà fait. L’indicateur préféré de la Fed en matière d’inflation, l’indice des dépenses de consommation personnelle de base, a augmenté de 4,9 % sur douze mois en avril, par rapport à 5,2 % le mois précédent.6 Ce taux demeure très élevé, mais nous allons dans la bonne direction.

Ce rebond n’est pas un phénomène unique aux États-Unis. Les actions européennes ont également enregistré un gain hebdomadaire impressionnant. Dans son blogue, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a indiqué son intention de sortir progressivement des taux négatifs d’ici la fin de septembre. Les investisseurs ont également été rassurés par les indices préliminaires des gestionnaires en approvisionnement (PMI) de la zone euro. Ces indices montrent une économie européenne plutôt résiliente malgré les pressions exercées par la guerre opposant la Russie à l’Ukraine.

Le rebond ne s’est pas limité aux actions. En fait, les obligations mondiales se sont redressées ces derniers jours. Cela est dû en partie à la perception que les hausses de taux des banques centrales ont déjà été largement escomptées. En outre, les taux de nombreuses sous-catégories de titres à revenu fixe semblent beaucoup plus attrayants en ce moment qu’il y a quelques mois à peine.

Le marché qui ne s’est pas redressé la semaine dernière est celui des actions chinoises, en dépit d’un excellent rendement le mois dernier.7 Cela pourrait être une première réaction aux propos du vice-premier ministre chinois Li Keqiang. Une de ses déclarations en particulier concernant les actions chinoises a été très mal reçue. Il a dit que : « Les indicateurs économiques tels que l’emploi, la production industrielle, la consommation d’énergie et le transport de marchandises ont chuté considérablement. Les difficultés à certains égards, et dans une certaine mesure, sont plus graves qu’en 2020, lorsque l’épidémie a frappé le pays de plein fouet ».8 Les investisseurs semblent oublier que l’économie chinoise s’est redressée très rapidement dans les premiers stades de la pandémie; c’est la raison pour laquelle je ne suis pas surprise de constater que l’économie chinoise est plus durement touchée par cette vague de COVID. Même si les actions chinoises ont déçu la semaine dernière, elles ont participé à un rebond au cours du mois dernier. 

La tendance va-t-elle se maintenir?

Cela étant dit, allons-nous assister à un retour en force des actions mondiales à la Churchill ou à la Bonaparte? En d’autres termes, la tendance va-t-elle se maintenir? Je crois qu’il faut davantage se préparer à un scénario à la Bonaparte, c’est-à-dire à une volatilité soutenue et à des hauts et des bas dans les prochaines semaines, peut-être même à un autre repli marqué. Après tout, la Fed va amorcer un resserrement quantitatif la semaine prochaine. Et, il ne s’agit pas d’une petite réduction du bilan, comme ce fut le cas pendant la dernière vague de resserrement. Il s’agit d’un resserrement quantitatif turbochargé, que j’appellerai « RQT », et cela risque de secouer les marchés à plus court terme. Je crois qu’il y a trop d’incertitude pour que les actions mondiales aient déjà touché le fond et entament une reprise durable.

Nous venons également d’apprendre que les chefs d’États européens sont parvenus à un accord sur l’interdiction des achats de pétrole russe d’ici la fin de 2022. Bien que cela puisse être une bonne nouvelle du point de vue géopolitique, cela aura sans aucun doute un impact négatif sur l’économie européenne et pourrait inciter la Russie à riposter en cessant la vente de gaz naturel russe, dont l’Europe dépend davantage. Ce ne serait pas bon pour la confiance des investisseurs à l’égard des marchés boursiers mondiaux.

En outre, il y a toujours le risque d’une flambée de l’inflation à court terme étant donné les chocs sur les prix des produits de base par rapport à l’offre en raison de la guerre opposant la Russie à l’Ukraine et des pressions à court terme qui persistent sur les chaînes d’approvisionnement, tandis que la Chine continue de tenter de contenir la vague de COVID.

Cela étant dit, je crois qu’à plus long terme, ce retour en force des actions pourrait ressembler davantage à celui de Churchill. Dans quelques mois, lorsque les marchés auront touché le creux de la vague (certaines régions y arrivant plus tard que d’autres), je suis optimiste quant à la possibilité d’une forte reprise des actions à l’échelle mondiale et je m’attends à ce qu’elle soit durable.

Cela signifie qu’il est temps de commencer à saisir les occasions de placement qui, à mon avis, abondent. J’ai justement rédigé un article de blogue sur les valeurs technologiques la semaine dernière. Un autre endroit où je vois de bonnes occasions de placement est le marché boursier chinois, à l’égard duquel les investisseurs ont un sentiment très négatif (comme je l’ai mentionné ci-dessus), mais dont les valorisations me semblent très attrayantes. En outre, je m’attends au maintien des mesures d’assouplissement monétaire et à des mesures de relance budgétaire musclées. Comme l’écrivait récemment mon collègue Paul Jackson : « J’ai toujours eu l’impression que l’engouement pour les actions chinoises était exagéré à la fin de 2020. De même, je soupçonne que les investisseurs sont désormais trop prudents, ce qui, selon moi, procure un point d’entrée intéressant pour ce qui, à mon avis, deviendra une partie importante des indices de référence des actions mondiales au cours des prochaines décennies ».9 Un catalyseur à court terme pourrait être les prochains résultats des indices PMI de la Chine, qui, selon mes prédictions, pourraient indiquer un léger rebond, qui refléterait un assouplissement des mesures de confinement et l’effet des mesures de relance monétaire.

Bref, je crois que le moment est venu de chercher des occasions de placement sur les marchés boursiers (et, pourquoi pas, parmi les titres à revenu fixe et les placements alternatifs) et de commencer à effectuer des achats périodiques par sommes fixes dans les semaines et les mois à venir, tandis que divers marchés boursiers se dirigent vers un creux de vague.

1 Source : MSCI, au 27 mai 2022

2 Source : Bloomberg L.P., au 27 mai 2022

3 Source : CNBC, « Biden says White House could drop Trump China tariffs to slower consumer prices », 10 mai 2022

4 Sources : Bloomberg News, « Dimon says ‘storm clouds’ over the US economy may dissipate », 23 mai 2022; Fox Business, « Bank of America CEO: US consumer in ‘very good shape,’ makes Fed’s job ‘tougher », 26 mai 2022; CNBC, « Citi CEO Jane Fraser is convinced Europe will fall into a recession », 23 mai 2022

5 Source : Marketwatch, « Mester puts 75 basis point rate hike back on table for September », 13 mai 2022

6 Source : US Bureau of Economic Analysis, 27 mai 2022

7 Source : MSCI. L’indice MSCI Chine a augmenté de 4,3 % au cours du dernier mois, mais a reculé de 0,4 % la semaine dernière, au 27 mai 2022. Rendement total en devise locale. L’indice MSCI Chine mesure le rendement des sociétés à grande et à moyenne capitalisations et regroupe les actions chinoises H et B, les valeurs sûres chinoises, les valeurs sûres P et les titres cotés à l’étranger (comme les CAAE). Il est impossible d’investir directement dans un indice.

8 Source : South China Morning Post, « China GDP: economic growth likely to ‘fall far short’, premier admits as crisis concerns mount », 26 mai 2022

9 Source : Invesco, « Uncommon truths: Why I like Chinese equities », Paul Jackson, 29 mai 2022

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Image d’en-tête du blogue : Luis Cerdeira / Stocksy

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Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteure au 31 mai 2022. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne sont pas garants du rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes.